Les Juifs de Dar-al-Islam, la terre de l'Islam, connaissaient la condition de dhimmi imposée par la religion dominante, condition certes dégradante et souvent précaire, mais statut juridique, somme toute libéral - très haut degrè d'autonomie judiciaire, administrative et culturelle -, comparé à celui, arbitraire, que connaissaient le Juifs de la chrétienté en pays ashkénazite. C'est qui est incontestble, c'est qu'un antisémitisme comparable aux formes aberrantes prises en Europe médievale, moderne ou contemporaine est absolument étranger à l'histoire et à la pensée musulmane, au Maghreb et au Maroc notamment. Les deux groupes confessionnels, muulman et juif, bien qu'étant de statut inégal et dans un rapport de dominant à dominé, au niveau politique comme au niveau religieux, coexistaient cependant dans une collaboration féconde, le plus souvent dans la tranquillité et la paix, sauf en ces périodes de passion et de violence qui marquaient les intrrègnes difficiles, les vacances de pouvoir et d'autorité, les révolutions de palis et les grands bouleversements dynastiques. Le judaisme marocain connut donc aussi la persécution, les exactions, les brimades. L'arrivée des expulses de l'Espagne, si elle apporta quelques troubles dans la vie intérieure des communautés locales, fut, par-dessus tout, un facteur d'enrichissement spirituel considérable.
Casalino Pierluigi, 3.07.2014
Casalino Pierluigi, 3.07.2014