Algérie et Tunisie: le premier ébablissement séfarade

En Afrique du Nord, la désintégration du royaume almohade, après la défaite de 1212, engendre des règimes  pratiquement indépendants, et les trois E'tats qui résultent correspondent à peu près au Maroc, à l'Algérie et à la Tunisie actuels. Dans ces E'tats liens des Juifs avec l'Espagne (notamment chrétienne) depuis le XIII siècle sont plus importants que leurs liens avec le Portugal, l'Italie du Nord et le Sud de la France. Cela est du^ à la longue tradition de contacts entre les Juifs d'Afrique du Nord, l'Espagne musulmane et la popolation juive dont la présence se renforce à partir de la sec onde moitié du XII e siècle dans les royaumes chrétiens d'Aragon et de Castille. La communauté juive s'y développe en 1287 lorsqu'un groupe de Juifs de Minorque se rend dans le Maghreb central après la conque^te de l'ile par le chrétiens. L'échange à ce moment-là est permanent. Jacques I er ordonne que l'on facilite l'émigration des familles juives depuis l'Afrique du Nord vers se territoires européens et, par exemple, le 11 juin 1247, il autorise tout Juif et Juive de Sijimasa à venir s'installer à Maiorque, à Barcelone, à Valence ou en tout autre lieu sous son contro^le. Le traité de paix conclu en 1360 entre Abou Ishaq Ibrahim, sultan de Tunis e Bougie, et Pedro IV d'Aragon (1336-1387) preuve l'importance croissante de la partecipation des Juifs au commerce et permet de supposer qu'il existe au XIVe siècle des liens étéconomique roits entre les Juifs de Catalogne et ceux de Tunisie. La ville d'Alger connai^t le début de sa prospérité et de son développement en tant que centre administration gra^ce à l'établissement de ces Juifs espagnols. D'autres lieux en Algérie et en Tunisie accueillent des exilés à la suite de cette persécution, come Abraham Zacuto. Les réfuigiés s'installent principalement  le long de la co^te de Honai^ne (le port de Tlemcen), à l'ouest, en passant par Oran, Mostaganem, Tenes, Bershk, Alger et Bourgie jusqu'à Tunis. Nombreux sont ceux qui s'établissent à Tlemcen et dans d'autres cités de la plaine comme Miliana, Médéa et Costantine. L'afflux de réfuigiés vers certaines régions et leur non-établissement dans d'autres reflètent la stabilité de la situation politique des régions concernées. Cela illustre également les conditions de la vie des Juifs dans les différents lieux, plus favorables, à la fin du XVI siècle, dans les cités des principes musulmans qu'en Europe. Dans leur quartiers de ville ou de village, ils mènent leur propre existence, gèrent leur affaires, exercent de nombreaux métiiers et pratiquent leur religion à leur manière. Les exilès espagnols sont administrés par un conseil de né'émanin régulièrement élu. Les né'émanin rendent la justice. Ils introduisent au Maghreb les taxes rituelles sur la consommation de la viande et du vin. Le Conseil des marchands s'occupe des différends d'ordre financier: il a sa propre procédure et suit des règles bien déterminées dans l'examen des affaires qui lui sont soumises. Sa grande réputation d'impartialitè fait que souvent, dans des cas difficiles, les tribunaux musulmans et les tribunaux rabbinques (et me^me le rabbin Simon Sémah Duran) ont recours à sa compétence. Le clivage entre les communautés est net. Les Juifs espagnols sont surnommés, à Alger, "les porteurs de capuche" ou "les porteurs de bérets", alors que les Juifs indigènes sont appelés "les porteurs de turbans". L'élite des rabbin espagnols impose son autorité et des réformes aux communautés locales. A Alger, c'est le cas d'Isaac ben Chéchet Barfat et de Simon ben Semah Duran, à Oran, d'Amram ben Mérouas Ephrati; à Constantine de Joseph ben Menir et de Maimon ben Saadia Najar; à Médéa, de Saadia Darmon; à Tlemcen d'Abraham ben Hakour et Ephraim Ankaoua; à Bougie, de Benjamin Amar; à Honai^ne, de Moise Gabati etc. Ces rabbins sont les artisans d'une véritable renaissance des communautés où ils s'installent . Sur la demande de diffèrentes collectivités de réviser les lois du mariage et de successions, et d'unifier les usages en pratique dans l'Afrique du Nord, Simon ben Semah Duran rédige en 1394 des ordonnances les taqqanot d'Alger, qui établissent désormais une législation matrimoniale, appliquée encore de nos jours par la plupart des communautés juives. C'est sur cette communauté séfarade déjà en place que  viennent se greffer les réfugiés de 1492.
Casalino Pierluigi, 6.09.2014