L'ESPACE EUROPE'EN AU LENDEMAIN DE LA PREMIE'RE GUERREMONDIALE.

La géopolitique européenne est bouleversée par la Première Guerre Mondiale. Trois grands empires disparaissent (l'allemand, l'austro-hongrois, le russe), voir quatre si l'on compte l'Empire ottoman. Les vainqueurs imposent leur ordre à la conférence de la paix (12 janvier-28 juin 1919), où les quatre "Grands" (l'Américain Wilson, l'Anglais lloyd George, le Français Clemenceau. l'Italien Orlando) dominent le débats. Ce nouvel ordre est fondé sur le respect du principe des nationalités et sur la mise sous contro^le de l'Allemagne, désignée comme principal responsable de la guerre. A l'Ouest, la France récupère l'Alsace-Lorraine. La Sarre, administrée par la SDN, est détachée de l'Allemagne pour quinze ans; les mines sarroises passent pendant la me^me période sous contro^le de la France. Le Danemark annexe le Schleswig du Nord. La Belgique acquiert les cantons d'Eupen et Malmédy. c'est à l'Est que le bouleversements sont les plus importants. L'Allemagne perd la Posnanie, rattachée à la Pologne, de ce fait, la Prusse orientale se trouve séparée du reste de l'Allemagne. Le port de Dantzig, peuplé d'Allemands, est érigé en "ville libre" sous contro^le de la SDN. Outre la limitation de l'armée allemande à 100.000 hommes dépourvus d'artillerie lourde, de chars et d'aviation, les vainqueurs imposent d'importantes garanties de sécurité. La rive gauche du Rhin est démilitarisée, ainsi qu'une bande de cinquante kilomètres en rive droite. La Rhénanie occidentale sera occupée pour une durée de quinze ans. Enfin les E'tats-Unis et la Grande Bretagne s'engagent à intervenir militairement en cas de violation par l'Allemagne de sa frontière avec la France (cette clause ne sera jamais appliquée). L'espace économique allemand, déjà diminué dans son potentiel, verra une partie de ses richesse détournées au profit de des pays vainqueurs. Ces derniers s'accordent pour cinq ans en matière douanière, la clause de la nation la plus favorisée. L'Elbe. l'Oder et le canal de Kiel sont internationalisée. Enfin l'article 231 du traité, en établissant la responsabilitè exclusive de l'Allemagne dans les dommages de guerre, impose à celle-ci leur paiement de réparations à ses vainqueurs L'Europe centrale et du Sud-Est est bouleversée par l'éclattement de l'Autriche-Hongrie, consécutif aux sécessions nationalistes de l'automne 1918. Les Traités de Saint-Germain-en-Laye et de Trianon énterinent cet état de fait. L'Autriche devient un petit E'tat de 84.000 km2, peuplé de 6,5 milions d'habitants. L'Hongrie se trouve réduite à 92.000 km2 et 8 millions d'habitants. Les pertes de ces deux pays profitent à leur voisins. La Pologne, nouvellement créé, reçoit la Galicie. La Roumanie obtient la Transylvanie et la Bukovine. L'Italie acquiert le Trentin et le Tyrol duSud. Quant à la Croatie, la Slovénie et la Bosnie, elles s'agrègent à la Serbie pour donner naissance au royaume des Serbes, Croates et Slovènes (future Yugoslavie); le nouveau royaume annexe le Monténégro. Alliée des puissances centrales, la Bulgarie perd une partie de la Macédoinie par le traité de Neuilly. Réduite à l'Anatolie par le traité de Sèvres, la Turquie conserve en Europe Constantinople, mais elle insurge immédiatement contre son sort. Les empires autoritaires ou autocratiques d'Europe (Allemagne, Autriche-Hongrie et Russie) ont été balayé  par les conséquences d'une guerre qu'ils avaient pourtant largement suhaitée. Les défaites militaires ont causé les abdications successives du tsar Nicolas II (1917), du Kaiser Guillaume II et de l'empereur Charles Ier (1918). Les tentatives de maintien ou de restauration des dynasties régnantes se soldent par de rapides échecs: le principe monarchique traditionel se trouve irrémédiablement affaibli. Bien que l'affrontement des blocs au cours dela guerre n'ait pas reve^tu une véritable dimension idéleogique (en témoigne la présence dela Russieautocratique dans le camp de l'Entente), l'issue du conflit consacre la victoire des démocraties libérales. Certains E'tats issus de traités se dotent de d'institutions démocratiques: c'est le cas de la Tchécoslovaquie. Quant à l'Allemagne, elle s'est transformée en république démocratique: la République de Weimar (1919). Cette extension de l'esprit démocratique peut laisser présager une démocratisation des relations internationales, dont le président americain Wilson se fait l'apo^tre. L'arrivée au pouvoir des bolsheviks a introduit une bouleversement des relations interntionales en Europe. L'espace de l'ex empire russe s'est rétrécit: indépendance de la Finlande, des Pays Baltes, perte de la Bessarabie (au profit de la Roumanie), pertes au profit de la Pologne. La Russie bolchevique est en outre isolée. La France et l'Angleterre ont considéré le traité de Brest-Litovsk comme une trahison profitant à l'Allemagne. Jusqu'à à la fin 1920, date de la victoire communiste, l'espace russe est un espace disputé entre le pouvoir bolchevik et les armées blanches soutenoues par des contingents occidentaux. La révolution d'Octobre a fait des émules en Europe: en Allemagne, une révolution communiste menée par les spartakistes (Liebknecht et Rosa Luxemburg), éclate en janvier 1919. Inquites de la menace, les Alliés, qui viennent de conclure l'armistice, laissent l'armée allemande rentrer en armes et en bon ordre dans son pays. Aidés par des unités de volontaires ("corps francs"), l'armée et le gouvernement provisoire du socialiste Ebert peuvent écraser dans le sang le mouvement spartakiste (janvier-mars 1919); en Hongrie, une république des Conseils, dirigée par Bela Kun, se met en place en mars 1919. C'est l'intervention miliataire de la Roumanie qui, venant en aide aux contre-révolutionnaires hongrois, met fin à cet éphémère pouvoir (aou^t 1919). Les puissances occidentales, hostiles à une restauration des Hasbourg en Hongrie, favorisent l'arrivée au pouvoir du régent Horthy, qui met en place la première dictature de l'après-guerre. Le principe des nationalités invoqué par les grands puissances lors de la conférance de la paix n'est que très imparfaitement appliqué par les traités. Il subsiste au sein des E'tats remaniés ou nouvellement créés de nombreuses minorités: Biélorusses et Russes en Pologne, Hongrois en Roumanie, Allemands en Tchécoslovaquie (Sudètes), en Roumanie, en Pologne, etc...En Yugoslavie, les Croates ne vont pas tarder à contester la préponderance serbe. Face aux E'tats "satisfaits" par les traités existe un ensemble d'E'tats "révisionnistes" (réclamant une révision des traités). En Allemagne, l'armée et les milieux nationalistes considèrent la paix de Versailles comme un diktat imposé de force. Un sentiment d'injustice prévaut L'Allemagne ne reconnai^tra jamais sa frontière orientale. Pourtant, bien que diminuée territorialement , elle conserve un potentiel économique important, laissé intact par le guerre. L'Italie est déçue par ce qu'elle appelle la "victoire mutilée". Les Alliés n'ont pas tenu toutes leurs promesses à son égard: elle revendique toute la " Vénétie julienne", en partie sous contro^le  yougoslave, ainsi que le port de Fiume. La Hongrie (mécontente des pertes au profit de la Tchécoslovaquie et de la Roumanie) et la Rusie soviétique (qui ne reconnai^t pas le détachement de la Bessarabie) font également partie de cet ensemble. Dans "Les Conséquence économiques de la paix" (1919), Keynes dénonce la multiplication des frontières étatiques résultant  de l'éclatement des grands empires, notamment en Europe centrale. De vingt-deux E'tats  en 1914, l'Europe passe à vingt-neuf en 1920. Deux mille kilomètres de frontières supplémentaires sont apparus, brisant d'anciennes solidarités ou complémentaires, créant de nouvelle barrières douanières, en particulier dans l'ex Autriche-Hongrois. Ainsi l'industrie viennoises ne reçoivent plus le charbon de Bohème-Moravie, alors que le partage de la Haute-Silésie entre Allemagne et Pologne sépare les gisements de n'offre de matières premières de leurs usines de traitement. Souvent de petite taille et disposant de faibles réserve monétaires en or et en devises, le nouveaux E'tats n'ont guère les moyens de leur indèpendance financière. Leur faiblesse les rends dépendants des pre^ts octroyés par les grands puissances et de leurs investissements, L'ordre fondée par les traités de paix est fragile et incertain. La frustration domine chez les vaincus. L'espace européen, tel qu'il a été remodélé, n'offre au continent aucune garantie solide de stabilité. 
Casalino Pierluigi, 24 septembre 2014