Il est fort courant de voir Rousseau invoquer Montaigne à propos des
écrits autobiographiques et Montesquieu au sujet des réflexions
politiques. Les deux ont durablement marqué son oeuvre. Dans le
manuscript des "Confessions", Rousseau, rivendique son originalité,
puis ajoute:"Jnt d'hommes qui n'en aient d'odieux. Je mets Montaigne à
la te^te de ces faux sincères qui veulent tromper en disant vrai. Il
se montre avec des défauts, mais il ne s'en donne que d'aimables; il
n'y a points d'hommes qui n'aient d'odieux. Montaigne se peint
ressemblant mais de profil". Il écrit également dans E'mile: "Le seul
moderne, en état de créer cette grande et inutile science (quelle du
droit politique) eu^t été l'illustre Montesquieu. Mais il n'eut garde
de traiter des principes du droit positif des gouvernements établis et
rien au monde n'est plus différent que ces deux études". Rousseau non
seulement se flatte d'ouvrir une voi inédite dans le domaine de la
connaissance de soi, mai il s'érige encore en fondateur du droit
politique. Il n'a cependant pas pour Montaigne les égards qu'il a pour
Montequieu qu'il évince tout en prenant soin de faire son éloge. C'est
qu'il compte Montesquieu parmi "les précepteurs du genre humain" au
lieu qu'il ne cesse de reprocher à Montaigne son relativisme
sceptique. Preuve que la philosophie ne limite pas son dialogue avec
ses prédécesseurs aux domaines respectifs de la politique et de la
connaissance de soi. Ce point est sensible dans le "Discours sur
l'inégalité, où il réscuse l'invariabilité des lois de la nature pour
l'homme comme e^tre physique établi par Montesquieu et affirme, avec
Montaigne, le principe d'une nature "sans haut, ni bas". L'homme
physique n'étant pas identifiable à l'animal, il faudra penser les
conditions d'une connaissance de soi ignorée de Montaigne, à partir
d'un principe, le sentiment intérieur, cher à Montaigne, et compter
avec lui dans toute réflexion sur la liberté politique.
Casalino Pierluigi, 19.11.2015
écrits autobiographiques et Montesquieu au sujet des réflexions
politiques. Les deux ont durablement marqué son oeuvre. Dans le
manuscript des "Confessions", Rousseau, rivendique son originalité,
puis ajoute:"Jnt d'hommes qui n'en aient d'odieux. Je mets Montaigne à
la te^te de ces faux sincères qui veulent tromper en disant vrai. Il
se montre avec des défauts, mais il ne s'en donne que d'aimables; il
n'y a points d'hommes qui n'aient d'odieux. Montaigne se peint
ressemblant mais de profil". Il écrit également dans E'mile: "Le seul
moderne, en état de créer cette grande et inutile science (quelle du
droit politique) eu^t été l'illustre Montesquieu. Mais il n'eut garde
de traiter des principes du droit positif des gouvernements établis et
rien au monde n'est plus différent que ces deux études". Rousseau non
seulement se flatte d'ouvrir une voi inédite dans le domaine de la
connaissance de soi, mai il s'érige encore en fondateur du droit
politique. Il n'a cependant pas pour Montaigne les égards qu'il a pour
Montequieu qu'il évince tout en prenant soin de faire son éloge. C'est
qu'il compte Montesquieu parmi "les précepteurs du genre humain" au
lieu qu'il ne cesse de reprocher à Montaigne son relativisme
sceptique. Preuve que la philosophie ne limite pas son dialogue avec
ses prédécesseurs aux domaines respectifs de la politique et de la
connaissance de soi. Ce point est sensible dans le "Discours sur
l'inégalité, où il réscuse l'invariabilité des lois de la nature pour
l'homme comme e^tre physique établi par Montesquieu et affirme, avec
Montaigne, le principe d'une nature "sans haut, ni bas". L'homme
physique n'étant pas identifiable à l'animal, il faudra penser les
conditions d'une connaissance de soi ignorée de Montaigne, à partir
d'un principe, le sentiment intérieur, cher à Montaigne, et compter
avec lui dans toute réflexion sur la liberté politique.
Casalino Pierluigi, 19.11.2015